La mue de Google vers un index Mobile primaire !

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Quel a été le plus grand séisme auquel Google a du s’adapter durant ces dernières années ? Le smartphone !
Ne l’oublions pas Google a désormais plus de 18 ans d’existence et s’est créé à une époque où l’usage mobile était réservé à quelques « happy few ». Basculer d’un monde « Desktop » à un monde « Smartphone » est une mue que d’autres ont eu du mal à réussir. Microsoft en paye encore les frais pour n’en citer qu’un. Google a, quant à lui, su anticiper ce mouvement.
Accélérer le mouvement pour mieux le maîtriser : la stratégie de Google
Plus que l’anticiper, il essaye de l’accélérer en n’en prenant les reines. Son objectif sur ces dernières années a été très clair : amener les webmasters/responsables de sites à déployer le plus rapidement possible une version « mobile-friendly » de leurs sites. Pour cela, Google a utilisé son attirail habituel : mix de guidelines et d’annonces officielles, en y ajoutant toutefois une petite nouveauté : des dates de bascule clairement identifiées comme celle du mobilegeddon le 21 avril 2015.

La bascule dans l’ère Mobile First > Une mue que Google prépare depuis plus de 5 ans

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2011-2012 > Les bases : L’histoire débute en décembre 2011 avec le lancement d’une nouvelle version de son crawler mobile dédié Smartphone (Googlebot-Mobile avec user-agent Smartphone). En 2012, Google publie ses « guidelines » mobile incitant les webmasters à privilégier une version mobile-friendly (et notamment Responsive Web Design) de leur site.
2013-2014 > La stratégie du bâton et de la carotte bis repetita (aka « pénalité » et « ranking boost ») ! En 2013, une fois les bases bien mises en place, Google annonce que des pénalités pourraient être mises en place pour les sites proposant une mauvaise expérience utilisateur. En 2014, une note d’UX Mobile est intégrée à l’outil de test Page Speed Insights. Google annonce alors que les bons élèves pourraient être mieux rankés sur la base de leur caractère mobile frienldy.
2015 > Le mobilegeddon et AMP 2015 voie l’aboutissement de ce cheminement avec l’annonce de la mise à jour du 21 avril 2015. Renommée Mobilegeddon par la presse, cette mise à jour tant attendue a eu un impact modéré sur les rankings. Quelques réajustements de positions ont été observés mais pas de bouleversement majeur. On comprend bien alors que le caractère mobile-friendly d’un site n’est qu’un critère parmi d’autres et que Google ne peut pas sacrifier la pertinence de ses résultats sur ce seul critère du mobile-friendly. Le mobilegeddon, avec son effet d’annonce (la fameuse date butoir du 21 avril) apparaît alors plus comme une tactique pour accélérer le passage des sites vers une version mobile friendly. La fin d’année 2015 a été également marquée par le lancement d’AMP, Accelerated Mobile Pages, prouvant que Google souhaite vraiment prendre les choses en main.
2016 > La mue finale est annoncée ! 2016, c’est donc la fin de l’histoire, tout du moins l’annonce de la fin de l’index « Desktop » super puissant ! Il devrait être en effet supplanté par un index Mobile qui deviendra l’index primaire. C’est, en effet, l’annonce qui a été faite par Gary Illyes, webmaster trends analyst chez Google, à l’occasion de la conférence Pubcon (Las Vegas, 10 au 13 octobre 2016). Déjà évoquée l’année dernière par le même Gary Illyes, l’idée d’un index mobile n’est pas nouvelle. Elle est toutefois désormais officielle.

L’index Mobile primaire devrait être actif d’ici quelques mois. Mais Pourquoi un index Mobile ?

FUD (Fear, Uncertainty and Doubt) ? Premièrement, probablement pour continuer d’enfoncer le clou du mobile et finir de convaincre les acteurs encore réticents ou lents à changer ! Dans la lignée du Mobilegeddon de 2015, Google est-il, encore une fois, pris en flagrant délit de stratégie de FUD (Fear, Uncertainty and Doubt) ?
Mais aussi pour continuer de s’adapter. L’index Mobile ne se limite (espérons-le) probablement pas à une simple stratégie basée sur la peur. Il est clair que Google doit continuer de s’adapter au Mobile et devenir une société tournée principalement vers le mobile à tous les niveaux. L’enjeu mobile est trop crucial pour être pris à la légère.
Maîtriser l’indexation des contenus mobile. La firme de Mountain View se doit de maîtriser l’indexation des contenus mobile. Hors, ce n’est aujourd’hui pas véritablement le cas. En effet, Google ne fait que crawler les contenus mobile pour s’assurer de leur existence et de leur caractère mobile-friendly, mais ce sont toujours les contenus Desktop qu’il indexe ! En effet, dans les pages de résultats, faites le test, les extraits de textes (snippets) sont issus de la version Desktop (lorsqu’il y a deux versions du site – mobile et desktop). Cela n’est pas sans créer des frustrations côté utilisateur pour les cas où la version mobile d’un site n’est pas la même que la version Desktop. Dans ce cas précis, il peut y avoir des différences de contenus. L’utilisateur peut alors ne pas retrouver sur le site Mobile ce qu’il a entrevu sur la page de résultats.
Et avoir les coudées franches sur des critères de ranking spécifiques au mobile. Plus globalement, l’activation de l’index Mobile pourrait être également l’occasion pour Google d’activer plus facilement des critères de rankings spécifiques au mobile. Parmi les prétendants à cette liste de critères, on pense bien sûr au format AMP. Ce dernier ne bénéficie pas de boost à l’heure actuelle. Est-ce que cela pourrait être le cas dans un index Mobile dédié ? , dont la prise en compte a été annoncée en début d’année, pourrait également faire partie de cette liste.

L’index Mobile primaire > De nombreuses questions encore en suspens !

Cette annonce d’un index Mobile pose plus de questions que de réponses à l’heure actuelle. Gary Illyes indique lui même que plusieurs points sont encore à régler concernant cet index Mobile.
De nouvelles règles techniques seront-elles à appliquer ? Au niveau technique, des ajustements seront probablement à revoir. Par exemple, lorsque l’index Mobile verra le jour, le balisage canonical vers le site Desktop n’aura, par exemple, probablement plus de sens.
Comment se fera la prise en compte des liens ? La prise en compte des liens, qui est au cœur de l’algo, pourrait être également problématique dans la mesure où moins de liens sont créés sur le web mobile que sur le web Desktop. On peut penser que, sur ce sujet, Google pourra probablement agréger des indicateurs de popularité cross-devices permettant de mesurer une popularité plus juste prenant à la fois en compte le Desktop et le Mobile. Techniquement, les annotations bidirectionnelles (rel alternate entre Desktop et Mobile) pourraient probablement faciliter le travail de Google.
Quid de l’index Desktop ? Parmi les infos divulguées par Gary Illyes, la plus surprenante et la plus énigmatique est tout de même le fait que le mobile deviendrait l’index primaire et que l’index desktop serait, quant à lui, moins à jour. Que signifie-t’il par moins à jour ? On parle ici de quoi ? De minutes, d’heures, de jours ? Pas plus d’info pour l’instant. On voie cependant mal Google délaisser son index Desktop. Les deux index vont cohabiter. Reste à savoir comment ils vont communiquer et s’ils vont communiquer.
Un index primaire mobile ? Le caractère primaire de l’index reste également un point important à éclaircir. Est-ce que cela signifie que les positions seraient désormais plus dépendantes de l’index Mobile que de l’index Desktop ? Est-ce que l’index Mobile aura un impact sur les positions Desktop ?

Keep Calm > Optimisez l’expérience Mobile

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Il faut ici prendre du recul et distinguer le message de fond : Google veut du mobile-friendly et c’est à vous de faire en sorte de vous adapter. Les chantiers à envisager sont multiples : faire les bons choix mobile (RWD, dynamic serving, sites dédiés, …) et appliquer les « guidelines » techniques, favoriser une bonne expérience utilisateur sur mobile (SXO et Mobile), travailler son temps de chargement mobile, étudier la pertinence d’AMP, …
Pour le reste, et notamment pour savoir quel sera l’éventuel impact de cet index Mobile, il faudra, a priori, encore attendre quelques mois. Gardez votre sang froid. Comme les dernières mises à jour majeurs de Google, derrière des effets d’annonces plus ou moins anxiogènes, les impacts seront probablement modérés, notamment pour les sites ayant fait les bons choix mobile dés aujourd’hui.
Yann SAUVAGEON – Yahn